Ulysse HERVE est né le 25 septembre 1887 à Saint Denis sur Huisne (Orne), fils de Isidore HERVE, cultivateur et de Marie JAHANDIER, qui a donné naissance à 10 enfants. Son père était natif de Courgeoût mais la famille HERVE   était originaire du canton de Bellême et plus particulièrement de St Martin du Vieux Bellême.

De la classe 1907, il est recensé sous le numéro matricule 368 au centre de recrutement d’Alençon et se déclare domestique à St Aubin de Courteraie. Taille 1m70. Lors du conseil de Révision il est déclaré « soutien de famille », ses parents étant précédemment décédés en 1902 et 1905.

Il est incorporé soldat de 2ème classe le 8 octobre 1908 au 103ème RI où il effectue son service militaire jusqu’au 25/9/1910 et devient donc réserviste le 1/10/1910.

En 1911, il est bouilleur de cru et domicilié chez son beau-frère, Joseph ROBERT, à St Ouen de Sécherouvre. Célibataire sans enfants, le jour de la mobilisation, il est domicilié chez Jean Louis Bonhomme, charpentier à St Hilaire lès Mortagne.

Il est mobilisé le 5/8/1914 et rejoint le 303ème RI à Alençon qui fait partie de la 108ème Brigade, 54ème Division.


Le 303ème RI  est créé à la mobilisation et il est constitué essentiellement de réservistes du 103ème RI des classes 1904 à 1907. Il comprend 2 bataillons (5ème et 6ème) contitués chacun de 4 compagnies (17ème à 24ème Cie). Ulysse HERVE est affecté dans la 21ème compagnie du 6ème bataillon.

 

 

Le 9 août, Ulysse HERVE et son régiment quitte Alençon par train en direction de Verdun, en compagnie de plusieurs camarades de Saint Hilaire dont Gaston MERCIER et Louis VAUGON.

Voici détaillé le parcours du régiment du 10 août au 24 septembre, visible sur la carte dont le lien figure ci-après : 

Le 10 août, ils débarquent à Consenvoye ( Meuse) situé à 20 km au nord de Verdun

Du 11 au 23 août, le 303ème RI marche vers le front, participe à l’organisation de positions dans les Hauts de Meuse ou quelquefois est mis en réserve. Il subit pour la première fois les tirs allemands le 22 août à Eton.

Le 24 août, de violents combats opposent le régiment à l’armée allemande près de Spincourt et sur la commune de Réchicourt.

Le 25 août, il bat en retraite vers Verdun et du 26 août au 6 septembre, il va occuper diverses positions autour de Verdun.

Le 1er septembre, le régiment a pour ordre de prendre Gercours qui est occupé par l’ennemi mais il doit reculer devant l’adversaire. Dans la violence des combats le 303è perd près de 320 hommes tués, blessés ou disparus.

Le 6 septembre, la totalité de l’armée française reçoit l’ordre de stopper impérativement l’avancée de l’armée allemande sur tout le front. Le lendemain, le 303ème remporte brillamment le combat de Julvécourt. C’est le début de la première bataille de la Marne (6 au 12 septembre) et de la contre offensive française.

 

Reconstitution (sur Google Maps) du parcours du 303ème RI du 9 août au 24 septembre

 > lien vers la carte 


Les 23 et 24 septembre les combats se situent seulement à 20 km au nord de Verdun > extraits du JMO :

« 23 septembre, … le Général de Division dirige le 303è sur Beaumont avec ordre de tenir le front occupé par la 65ème division, c'est-à-dire les lisières N du bois des Caures, St André, Herbebois, pente N et E de la côte 310 … En exécution des ordres, le régiment prend les dispositions suivantes : deux secteurs … Secteur 2, bataillon LENEUF (6ème) occupe le bois des Caures sur les emplacements occupés par le 34ème colonial. Grande garde n°1, compagnie CURIAL (22ème) au N et N/E du bois Leconte ; grande garde n°2, compagnie SAMAT (21ème), côte 322 [c’est la Cie de Ulysse HERVE]; grande garde n°3, compagnie BARRES (23ème) NO au bois des Caures ; réserve compagnie JOUSSELIN (24ème) vers la côte 329.

24 septembre, au petit jour l’artillerie allemande bombarde nos av. postes et blesse 3 hommes de la 23ème Cie … 12 heures, un fort détachement allemand attaque le flanc gauche du premier poste établi à la côte 322, lui tuant le sergent MARCELIN chef de demi-section, le caporal LAGNEAU, les soldats DUBOIS, MOISSON, LEBRUN, GUERIN, HERVE ; blessant les soldats DENIAUD, GEANIN. Cette attaque fut repoussée par la grande garde sur Flabasse et ne s’est pas renouvelée … ».

C’est donc à la côte 322, dans le bois des Caures, qu’Ulysse HERVE était tué au combat ce 24 septembre 1914 vers midi. Sa fiche matricule et son acte de décès nous confirment qu’il a été « tué à l’ennemi à Beaumont (Meuse) le 24/9/1914, à 12 heures sur le champ de bataille ». Le bois des Caures est en effet pour partie sur la commune de Beaumont en Verdunois mais la côte 322 (cf carte Etat major ci-après) se situe en limite des communes de Ville-devant-Chaumont et Flabas. C’est très certainement en lisière de forêt sur le territoire de cette dernière commune que fut tué Ulysse HERVE.

Ce bois est plus tristement  connu  pour un combat sanglant qui devait s’y dérouler les 21 et 22 février 1916, dans le cadre de la bataille de Verdun où 2 bataillons de chasseurs à pied comprenant 1200 hommes furent anéantis à 90%.

  

 Vues alternatives au passage de la souris > Carte d’Etat major ou vue aérienne actuelle du lieu (Google Earth) sur lesquelles figurent l'emplacement de la côte 322.

Le décès d’Ulysse HERVE a été transcrit dans le registre de l’état civil de St Hilaire le 5/5/1915.

Il est inhumé à la nécropole de Bras sur Meuse dans une tombe collective (sépulture 187). Cette nécropole a été créée en 1916 lors de la Bataille de Verdun, et regroupe les corps exhumés de 1919 à 1925 des Cimetières de Beaumont, Brocourt, Louvemont, Mouilly, Rupt-en-Woëvre, Samogneux, Vacherauville, Verdun Saint-Jean.

 

 

Trois de ces frères ont également participé à la Grande guerre :

  -  Louis né en 1885, DCD le 30/10/1914 à l’hôpital de Grenoble suite à blessure de guerre (fiche 467 au 303ème RI) ;

  - Gabriel né en 1893, contre l’Allemagne et en Orient du 2/8/1914 au 18/2/1919 (fiche 706) ;

  - Marcel né en 1897 appelé en septembre 1917 et blessé le 9/9/1918 (fiche 558).





En 1920, Ulysse HERVE recevait la médaille militaire à titre posthume :

   - Croix de guerre avec étoile de bronze

Accompagnée de l’éloge suivant :

   «Brave soldat, courageux et dévoué. A trouvé une mort glorieuse, le 24 septembre 1914, étant en petit poste dans le bois de Beaumont. »

(JO du 21/12/1920).